Les cartes de Fabien et Mathilde
(Envoyées d’Elisabethville et de Sakania en 1913)
En 1913, Fabien et son épouse Mathilde envoient ces cartes à … d’Elisabethville. Ils font partir des quelques centaines d’Européen qui viennent peupler ce coin perdu d’Afrique pour son exploitation minière. Ils décrivent leurs vie hors patrie et révèlent leurs impressions sur les populations locales.
Cette ville construite en pleine brousse en 1910 par le gouverneur belge, Colonel Robert Wangermée, constituait un centre minier important qui attirait plusieurs prospecteurs et commerçants de la Rhodésie et de l’Afrique du Sud. En 1910, il y avait 300 Européens et 1.000 Africains à Élisabethville. Dix ans après la population Européenne d’Elisabethville augumentait à 1.400 habitants. En plus des belges il y avait des juifs originaires de Rhodes pour la plupart, des portugais venant de l’Angola, des indiens, des Sud-Africains et des arabisés. A la fin des années 1920, l’Union Minière du Haut Katanga, la compagnie de chemin de fer BCK et les autres compagnies implantées à Elisabethville sont confrontées à un manque de main-d’œuvre. Une politique de stabilisation est mise en place pour encourager leurs travailleurs à resider de manière permanente avec leurs familles à Élisabethville. Les populations noires étaient alors importées du Kasaï, du Rwanda et de Rhodésie pour combler le déficit.
Les E’villois vivaient séparés les uns des autres ; les européens habitaient le centre- ville (Élisabethville), tandis que les travailleurs noirs habitaient dans des camps de travailleurs près des mines. Seuls les domestiques, qui travaillaient pour les Européens étaient autorisés à vivre dans les « boyeries » à l’écart des habitations de leurs patrons. La cité indigène dénomée quartier Albert (l’actuelle commune de Kamalondo) était séparée de la ville par une zone neutre inhabitée de 700 mètres.