Le portage


 

A partir de 1889, l’usage du portage prend de l’ampleur; pour pénétrer l’interieur du Congo les belges font recourt au portage humain. Tous ceux qui participaient à la conquête du Congo l’utilisaient. Les agents de l’Etat, les missionnaires et les societés privées…Ce système inhumain était composé de recruteurs, des agents de l’Etat européens, mais aussi des Africains. Pour remplir leur rang, les recruteurs  forcaient les villageois à faire ces tâches de portage contre une rémunération qui selon l’Etat devait être la moins onéreuse possible. La prise d’otages devint le moyen coutumier utilisé pour le recrutement.

Le 15 Août 1914, les allemands envahissent le territoire congolais et attaquent le port belge de Lukuga sur la rive ouest du lac Tanganika. Quelques mois plus tard au début de 1915, le gouvernement du roi décide d’organiser la campagne belge d’Afrique. Le général Tombeur est chargé de commander ses troupes pour mener une offensive contre les allemands. Pour le faire, il faut établir des bases, des approvisionnements, placer des milliers de kilométres de fils télégraphiques, construire des nouvelles routes, organiser l’armée et la logistique. Les belges utilisent des porteurs qui par des routes de plusieurs semaines assurent le ravitaillement de la force publiques. Ces hommes parcours des distances de plus de 2.000 kilométres et font des vas et viens à travers la brousse.

 

Service photographique du Ministère des Colonies de Belgique : Les campagnes Belges d’Afrique 1914-1917

Correspondance d’un militaire de la force publique à Mr. Fanfla Wettman de Boma

Ces deux cartes postales circulés à Boma provenant de la collection de l’UNH révèlent que jusqu’en 1893, un ans après qu’il est perdu son poste de gouverneur, Tippo Tipo continuait à offrir ses services à l’Etat indépendant du Congo. Ce militaire de la Force publique qui adresse sa correspondance à un certain Fanfla Wettman fait allusion à un contingent de porteurs promis par Tippo Tipo qui pourrait être mis à la disposition d’un major de son armée pour acheminer sa colonne dans la région des forets. Il parle aussi des difficultés qu’il éprouve à faire accepter ses emballages. Cette série précieuse de cartes postales est malheusement incomplète. La collection de l’UNH ne dispose que de deux cartes d’une correspondance ayant contenu au minimun onze cartes postales.

Tippou Tib (Tippo Tipo) originaire de Zanzibar fût un marchand d’esclaves de grande notoriété. Il fit plusieurs  expéditions commerciales en Afrique centrale orientale et rencontra plusieurs des grands explorateurs européens du continent africain. En 1887, il s’engagea à fournir 600 porteurs à Stanley pour son expédition au secours d’Emin Pacha. La même année Il fut nommé gouverneur du district des chutes Stanley dans l’Etat indépendant du Congo. Ce poste l’obligeait à rendre ses services au roi des belges Léopold II. Ainsi il fit découvrir à des expéditions belges les routes commerciales que lui seul connaissait.  Le 6 avril 1892, son neveu Rashid est nommé gouverneur à sa place. La même année l’Etat indépendant du Congo mènera finalement une campagne militaire qui dura de mai 1892 à janvier 1894, au terme de laquelle la souveraineté sur l’est du territoire lui sera assurée. Tippo Tip n’ayant plus rien, se replie sur la côte orientale vers Zanzibar. Un procès finit par lui faire perdre ses possessions de la côte orientale. C’est-à-dire toute la fortune qui lui restait.

Le 20 Janvier 1899, la Tanganyika Concessions Limited (T.C.L) est créee à Londres. Elle a pour objectif d’organiser une grande mission de prospection au Nord de la Rhodésie. George Grey, un militaire britanique qui avait su matter les révoltes des Matabele en Afrique du Sud, est chargé de conduire cette expedition. Il part de Bulawayo le 5 Avril 1899 avec quatre européens, peu de porteurs, soixante-sept ânes, sept chevaux, deux mulets et huit boeufs tirant trois chariots. Le 23 Août 1899, Grey et sa caravane se retrouve sur le territoire congolais. Il examine les anciens travaux miniers des congolais en un lieu qu’il appelle Kapondo (Actuel gisenent de Kipushi). Plusieurs autres explorateurs européens ayant sillionés le sol Katangais avant lui à la conquête de territoires ou à la recherche des minerais ont dû recourir au portage pour réaliser leurs exploits.

Edward James Glave , un aventurier anglais qui avait travaillé pour Stanley sous l’ Association Internationale Africaine, décrit dans son journal la mission de Baudoinville fondée par les Pères blancs d’Alger, de la congrégation de Notre Dame d’Afrique. Glave arrive à Baudoinville le 16 Novembre 1894. Le père Roelens, qui deviendra vicaire apostolique émérite de Baudoinville de 1939 à 1941, lui envoie un âne pour monter sur la colline où se trouvait la mission. Elle est situé à Kirungu sur un plateau à environ une heure et demi de Moba près du lac Tanganyika. De nombreux bâtiments en argile rugueuse étaient utilisés à des fins multiples jusqu’à ce que les bâtiments du gouvernement soient finis. Une très belle maison d’habitation est en construction, il y avait aussi un hôpital construit en briques cuites et en pierre agencée de manière très artistique.

Glave rapporte aussi qu’il y avait des plantations magnifiques de riz, de patates douces, de pomme de terre européennes, d’oignons, d’haricots, d’arachides, et des bons potagers à coté des arbres fruitiers, comme le mangier, le figuier, le papayer et l’ananas. La plantation de café était pris en charge par des garçons de la mission et des anciens esclaves racheté aux esclavagistes. Trois à quatre cents personnes des deux sexes travaillaient dans ces plantations. L’école de la mission était fréquentée par de nombreux jeunes. Le village était florissant; trois pères (Roelens, Guillemet, Herrboert) et trois frères surpervisaient la mission. Une congrégation de réligieuses était attendu pour l’année suivante (Les religieuses de Notre-Dame d’Afrique vont s’établir à Baudouinville en 1897). Les hommes vivaient dans de bonnes conditions, et semblaient tous être de bonne humeur, intelligents, hospitaliers, et bienfaisants. Ils apprennaient aux jeunes à travailler et leur enseignaient la religion. Ils étaient aimés de tout le monde.